Pas de santé sans santé mentale
30 janvier 2023
Lettre de la Présidente
Voilà un mantra qu'on entend de plus en plus. Pourtant, la mise en œuvre de mesures indispensables pour prendre en soins et accompagner vers le rétablissement les personnes qui souffrent de troubles psychiques se fait attendre.
Nous ne voulons plus que les personnes et leur entourage soient des balles de ping-pong renvoyées du ministère de la santé vers celui du handicap ou celui de l’autonomie, ou vice versa. Cela revient à les renvoyer dans leurs filets ! Il ne peut y avoir de bonne santé mentale si aucune réponse n’est apportée aux besoins des personnes concernées et à leurs proches. La vraie transformation de l’offre serait d’assurer à chacun l’effectivité de son droit à la santé, à l’éducation, à l’emploi, au logement, aux ressources… Des citoyens parmi les citoyens, accédant à des conditions de vie satisfaisantes pour leur santé mentale et psychique.
Cette transformation ne concerne pas uniquement le soin ou uniquement la compensation des situations de handicap. Parier sur un ambulatoire qui ne serait pas accompagné de réponses aux besoins sociaux, c’est mettre en échec la personne et ses aidants proches.
Mon étonnement, et aussi ma colère, c’est qu’il est encore aujourd’hui impossible de faire entendre cette voix, tant dans les ministères qu’auprès des acteurs du soin. Le handicap psychique est celui qu’on ne prononce jamais, dont on ne parle pas lorsqu’on parle handicap. Il n’est pas nommé. Aucun plan de programmation pour répondre aux besoins. Quant aux maladies mentales, elles restent absentes des discours, noyées dans la misère abyssale du secteur de la santé. Vous nous faites remonter des fermetures d’hôpitaux de jour, des délais qui s’allongent pour accéder aux CMP, des absences de professionnels entrainant des fermetures de lits, des aidants isolés compensant comme ils peuvent les non-réponses à la solidarité nationale… Même les accès aux thérapeutiques innovantes sont limités, voire entravés par les décisions des agences. Jusqu’à quand ?
Nous continuerons à promouvoir l’importance de faire de la santé mentale une grande cause nationale et de doter la France d’un plan psychique pour construire et offrir des réponses permettant d’assurer la robustesse et la fluidité des parcours de chacun.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente