Thérapies non médicamenteuses
Les maladies psychiques sévères et persistantes requièrent le plus souvent des thérapies médicamenteuses pour diminuer les symptômes les plus productifs, faire face à la dépression ou diminuer l’anxiété. A côté de ces médications, il est important pour la personne d’acquérir des compétences pour comprendre ses troubles et mieux faire face à sa souffrance psychique.
Les psychoéducations
Les psychothérapies
Une psychothérapie est basée sur des entretiens très réguliers, individuels ou en groupe avec un psychothérapeute. La durée du traitement varie de quelques mois à quelques années. Elle peut être pratiquée seule ou associée à d’autres thérapeutiques (ex : prescription de médicaments). La psychothérapie vise à améliorer l’état de la personne et/ou à prévenir des rechutes.
C’est un contrat librement accepté entre le patient et le psychothérapeute, dans le respect du secret professionnel et reposant sur une alliance thérapeutique. Il y a différentes techniques qui vont être choisies par la personne en fonction de sa souffrance psychique, de ses symptômes, de ses besoins et de son souhait.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site Psycom.
Les différentes psychothérapies
La thérapie comportementale et cognitive (TCC)
La TCC est une thérapie brève, validée scientifiquement, qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions en adéquation avec la réalité.
La TCC aide à progressivement dépasser les symptômes invalidants, tels les rites, les vérifications, le stress, les évitements, les inhibitions, les réactions agressives ou la détresse à l’origine de souffrances psychiques.
Les TCC ont été largement étudiées dans les troubles anxieux. Elles sont également utilisées dans les troubles bipolaires. Elles sont également efficaces dans l’état de stress post-traumatique, dans les troubles obsessionnels compulsifs, dans les phobies sociales et diverses phobies spécifiques. Elles ont aussi des indications dans les schizophrénies.
Les thérapies analytiques
La méthode psychanalytique a été découverte et théorisée par le Dr Sigmund Freud au début du 20ème siècle. Elle a été développée et approfondie par de nombreux psychanalystes. Cette méthode considère que le psychisme humain fonctionne sur la base des conflits liés au développement de la personne. Selon la théorie psychanalytique, les problèmes psychologiques rencontrés par la personne sont en rapport avec son passé individuel et familial. La psychanalyse a pour but de faire revenir au niveau conscient les conflits et traumatismes enfouis dans l’inconscient. La psychanalyse permet à la personne de mieux comprendre ces conflits, de leur donner un sens nouveau et d’éviter qu’ils ne se répètent dans la vie actuelle sous forme de symptômes psychiques. La thérapie analytique a pour objectif de soulager la souffrance psychique de la personne et lui permettre de récupérer sa capacité à agir et à jouir de l’existence.
La psychothérapie institutionnelle
Après l’hôpital, votre proche n’est pas nécessairement prêt à vivre seul, ni à aller spontanément vers des lieux d’activité. Il peut avoir besoin de réapprendre la vie sociale. Ceci peut se faire dans des structures qui pratiquent la psychothérapie institutionnelle basée sur l’organisation collective et paritaire (soignants - soignés) des activités et des services quotidiens (par exemple, la clinique de La Borde).
Les thérapies ou méditations de pleine conscience (mindfullness)
Ces thérapies sont en développement, notamment pour la réduction du stress et la prévention de la rechute dépressive.
Les thérapies familiales systémiques
La thérapie familiale systémique est une technique spécifique, qui a pour but de favoriser les échanges entre les membres d’une famille. La thérapie doit permettre aux membres d’une famille d’évoluer ensemble vers un fonctionnement plus souple, de dépasser une situation de crise, d’autoriser l’évolution individuelle de chacun des membres et de trouver de nouveaux équilibres. Cette évolution tient compte des évènements et de l’histoire de la vie du groupe. Au cours des séances, le dialogue des membres de la famille entre eux et avec le thérapeute aide à comprendre et résoudre les problèmes ou difficultés rencontrés par la famille.
De nombreuses autres techniques de psychothérapie sont disponibles, néanmoins il manque pour la plupart des psychothérapies (hors TCC) une évaluation scientifique des résultats.
Psychoéducation et éducation thérapeutique du patient
En psychiatrie, les termes d’éducation thérapeutique (ETP) et de psychoéducation sont utilisés de manière à peu près équivalente pour décrire un processus d’apprentissage par lequel une personne acquiert des compétences pour comprendre ses troubles, gérer la maladie qui la concerne, comprendre son traitement, reprendre du pouvoir sur sa santé et sa vie (empowerment).
Les programmes dits d’éducation thérapeutique du patient (ETP) bénéficient depuis 2009 d’un cadre réglementaire et devraient être proposés à chaque patient souffrant d’une maladie psychique chronique ce qui est loin d’être encore le cas. Ces programmes se font totalement ou partiellement en groupe ce qui favorise le soutien entre patients-pairs.
L’orientation est faite par un médecin prescripteur mais le patient ou ses proches peuvent en faire la demande auprès de l’équipe.
Psychoéducation de la famille, des proches
Elles sont très utiles pour comprendre la maladie psychique, savoir accompagner et aider le proche avec la bonne distance. Il existe de nombreux programmes : Prospect, Profamille... L’Unafam peut vous renseigner sur ce qui est disponible près de chez vous.
Les soins de réhabilitation psychosociale
Qu’est-ce que la réhabilitation psychosociale ?
La réhabilitation repose sur l’idée que toute personne est capable d’évoluer vers un projet de vie choisi et de retrouver une qualité de vie qui lui convienne. La réhabilitation se base toujours sur les capacités préservées de la personne. Les soins de réhabilitation sont un ensemble de procédés visant à aider les personnes souffrant de troubles psychiques à se rétablir.
Pourquoi faire de la réhabilitation ?
La plupart des symptômes induits par les troubles psychiques peuvent être stabilisés avec des traitements médicamenteux. Mais, souvent, certaines difficultés persistent et constituent un handicap pour la personne :
- Difficultés de la cognition froide : mémoire, attention, fonctions exécutives, lenteur…
- Difficultés de la cognition sociale : décoder, comprendre, interpréter les émotions et les intentions des autres, interagir, s’affirmer dans différentes situations ;
- Troubles de l’insight : difficultés à comprendre sa maladie, reconnaître les symptômes et les effets du traitement.
Ces difficultés entrainent une perte d’autonomie et une qualité de vie insatisfaisante pour la personne.
Quels outils ?
Les outils utilisés en soins de réhabilitation psychosociale ont pour but de réduire l’impact de ces difficultés pour favoriser le rétablissement, permettre l’autonomie et le maintien de la personne dans son milieu de vie avec une qualité de vie qui lui convienne.
La réhabilitation psycho-sociale commence par un bilan pluri-professionnel approfondi : médical, psychologique et neuropsychologique (détermination des déficits cognitifs et des facultés préservées sur lesquelles s’appuyer), fonctionnel (retentissement sur la vie quotidienne), social et environnemental. A l’issue de ce bilan, une restitution est faite à la personne et à ses proches, sauf opposition de la personne, et la stratégie personnelle de réhabilitation qui prévoit un programme de soins individualisés et des accompagnements, va être mise en place. Elle va comporter, selon les cas :
- Entretiens motivationnels : pour booster la motivation de la personne, souvent impactée par la pathologie, faire émerger un projet qui va être le fil conducteur vers le rétablissement.
- Remédiation portant sur la cognition froide.
- Remédiation portant sur la cognition sociale : programmes d’entrainement des compétences et des habilités sociales.
Ces entrainements cognitifs (qui peuvent être comparés à la kinésithérapie pour un problème somatique) peuvent être effectués avec de multiples outils, en individuel ou en groupe, et bénéficient du développement d’applications dédiées de plus en plus nombreuses.
- Psychoéducation : travail souvent en groupe, complété éventuellement par des séances individuelles, sur différentes thématiques : les symptômes, le traitement médicamenteux, le rétablissement, comment vivre et bien vivre avec sa maladie… La présence de pairs-aidants (ou médiateurs de santé pairs ou patients experts) est particulièrement précieuse ici dès la phase de conception du programme.
- Thérapies comportementales et cognitives permettent de travailler sur les biais de raisonnement (perceptions erronées de l’environnement par exemple), sur l’affirmation de soi.
- Ergothérapie : travail sur l’autonomie dans la vie quotidienne.
- Accompagnement vers la construction de projets professionnels et sociaux. Case management : case manager, nouvelle fonction soit unipersonnelle (en général infirmier formé aux aspects de réglementation sociale) soit binôme sanitaire et social, il veille à la coordination des différents acteurs sanitaires et sociaux, garantit la continuité des parcours de soins et de vie, favorise l’accroissement de l’autonomie. En réhabilitation psychosociale, le case manager suit le parcours de l’usager avec une perspective de réinsertion sociale et professionnelle.
- Programmes de soutien des familles : consultations ou entretiens individuels, groupe psychoéducatif / d’éducation thérapeutique des familles, thérapie familiale…
Une évaluation pluri-professionnelle régulière est nécessaire pour ajuster le programme personnalisé de réhabilitation avec des modalités et des intensités variables selon les besoins et les aspirations de la personne qui change tout au long de son parcours de vie.
La réhabilitation psycho-sociale qui est en cours de développement et de généralisation est un espoir majeur pour les personnes qui souffrent de maladies psychiques sévères et également pour leurs proches.
Mis à jour le 23 novembre 2024