Campagne Portons #UnAutreRegard sur les maladies psychiques
Trop souvent, l’annonce d’une maladie psychique est vécue comme une catastrophe personnelle, familiale et amicale. Elle mène au repli sur soi et à l’exclusion. Pourtant, quand les soins sont de qualité, quand ils mettent en œuvre les progrès thérapeutiques actuels, le rétablissement est possible. À l’Unafam, nous voyons chaque jour des personnes apprendre à vivre avec la maladie et se reconstruire. Aujourd’hui, nous appelons chacun à porter #UnAutreRegard sur les maladies psychiques. Un regard fait d’espoir, de confiance, et de solidarité. Car le rétablissement de chacun se construit avec le soutien de tous, professionnels de santé, famille, amis, et de la société tout entière.
Une campagne de déstigmatisation à la télévision et sur les réseaux sociaux
L’Unafam a créé ce spot télévisé pour lutter contre la stigmatisation des maladies psychiques. Il met en scène Pauline qui est concernée par la maladie, travaille et est engagée dans un bénévolat à l’Unafam.
Un diagnostic n’est pas une condamnation perpétuelle à l’isolement social et au repli sur soi. Lorsque la maladie est bien prise en charge par des professionnels de santé, grâce à des soins de qualité, à un accompagnement social adapté, à une écoute de la famille et des amis, la personne se rétablit et prend la place qu’elle se choisit, au milieu des autres.
Cette campagne est diffusée sur les réseaux de France Télévisions (France 2, France 3, France 5 et les chaînes France 3 Région) ainsi que sur les chaînes du groupe CANAL+ sur l’ensemble du mois d’octobre 2025 ainsi que sur les réseaux sociaux de l'Unafam.
Une campagne labellisée “Parlons Santé Mentale”, Grande Cause Nationale 2025
L’année 2025, déclarée Grande Cause Nationale pour la Santé Mentale, concrétise un combat de longue date mené par l’Unafam et les familles de personnes concernées par la maladie psychique, en plaçant enfin la santé mentale au cœur du débat public et des politiques nationales.
La Grande Cause Nationale 2025 s’articule autour de quatre objectifs prioritaires :
- la déstigmatisation par le changement de regard sur les troubles psychiques et les troubles mentaux ;
- le développement de la prévention et du repérage précoce ;
- l'amélioration de l'accès aux soins partout sur le territoire français ;
- l'accompagnement des personnes concernées dans toutes les dimensions de leur vie quotidienne.
Lancée à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, elle porte notre campagne nationale de sensibilisation : “Portons un autre regard sur les maladies psychiques” auprès du grand public ces questions qui sont encore taboues pour de larges pans de la société, alors qu’1 personne sur 4 est touchée par un trouble psychique à un moment où à un autre de sa vie.
Pour un changement de regard sur les maladies psychiques
De quoi parle-t-on ?
Les maladies psychiques concernent 20 % des Français. L’Unafam soutient les familles et les amis de personnes touchées par différents troubles psychiques, principalement la dépression, le trouble bipolaire, les schizophrénies et le trouble de la personnalité borderline.
- Les schizophrénies sont des maladies du cerveau qui perturbent le fonctionnement de certains circuits neuronaux. On parle de schizophrénies au pluriel, car les symptômes varient beaucoup selon les personnes et leur environnement. Environ 1 % de la population mondiale est concernée.
- Les troubles bipolaires se manifestent par deux grands types de phases : des périodes d’excitation ou d’euphorie (appelées phases maniaques) et des périodes de grande tristesse (phases dépressives). Entre ces phases, la personne retrouve un état normal. On estime qu’en France, ce trouble est souvent mal diagnostiqué : il toucherait entre 1 % et 2,5 % de la population.
- La dépression résistante est une forme de dépression qui continue malgré au moins deux traitements antidépresseurs différents, correctement suivis, ou qui ne s’améliore pas assez avec ces traitements. Elle concernerait 20 à 30 % des personnes souffrant d’une dépression majeure.
- Le trouble de la personnalité borderline (appelé aussi “état limite” ou “état frontière”) se caractérise par une grande instabilité dans les relations avec les autres, des émotions changeantes et intenses, une image de soi difficile à cerner, et des comportements impulsifs.
Aujourd’hui, recevoir un de ces diagnostics ressemble encore trop à une condamnation. Pourtant, ces maladies peuvent être prises en charge et soignées. Notre objectif collectif est d’accompagner les personnes concernées pour les aider à aller mieux et à retrouver leur place dans la société.
Promouvoir le rétablissement et lutter contre la stigmatisation
La stigmatisation est un obstacle majeur à l’accès aux soins. Tant que les préjugés persisteront, ils empêcheront les personnes concernées d’aller chercher l’aide dont elles ont besoin pour se rétablir et concevoir leur avenir.
Pour que l’inclusion sociale des personnes vivant avec un trouble psychique soit possible, tout le monde à un rôle à jouer : que vous soyez professionnel de santé, proche de personne concernée, ou simple citoyen.
La notion de “rétablissement”, née dans les années 1970, correspond à un cheminement de la personne, dans la durée, pour reprendre le contrôle de sa vie et trouver sa place dans la société. Il s’agit de retrouver une citoyenneté pleine et entière après avoir réussi à contrôler ou vivre avec les symptômes et avoir réappris à exercer certaines habiletés de fonctionnement.
Dans le cadre de la Grande Cause Nationale 2025, l’Unafam souhaite donc agir pour déstigmatiser les maladies psychiques en sortant d’une vision négative de la maladie afin de favoriser l’inclusion dans la société des personnes qui vivent avec ces maladies, et pour les encourager à avoir recours aux soins dans la perspective d’un rétablissement.
“Mon diagnostic a été posé à la suite d’une hospitalisation, à 44 ans. Mais cela faisait déjà vingt ans que j’allais mal, alternant de longues périodes de hauts et de très bas. J’ai souvent éprouvé un sentiment d’autostigmatisation, et cela m’arrive encore parfois. Je me sens incompétent et même nul.
Aujourd’hui, j’ai un projet de création théâtrale autour de mon expérience. L’art a toujours été très présent dans ma vie et demeure, à mes yeux, un outil majeur de réhabilitation. Pour autant, mon combat contre l’autostigmatisation n’est pas gagné. En ce moment, par exemple, je n’arrive pas à chercher du travail : je présume que je ne vais pas être à la hauteur. J’ai encore du chemin à parcourir pour m’accepter, alors même que mon trouble bipolaire ne me définit pas complètement.”
Bertrand, 55 ans, vétérinaire et concerné par un trouble bipolaire de type 2 (Morbihan)
Comment agir ?
Lutter contre la stigmatisation
Pour combattre les préjugés et donner de l’espoir, il est nécessaire de changer de regard en se dotant de deux certitudes :
- Les maladies psychiques se soignent et les traitements sont efficaces.
- Les personnes concernées peuvent bien vivre en société avec une maladie psychique dès lors que l’accompagnement est adéquat.
Dans cette perspective, l’Unafam agit depuis de nombreuses années avec des campagnes publiques, comme “Portons #UnAutreRegard sur les maladies psychiques”, afin de sensibiliser à la santé mentale.
Accompagner les proches et les familles
L’Unafam permet à chacun de trouver un soutien, de s'informer et de se former à l’accompagnement des personnes vivant avec des troubles psychiques grâce notamment à :
- Un accueil sur tout le territoire par nos bénévoles formés ;
- Des formations gratuites accessibles en délégation et en ligne ;
- Des psychologues à l'écoute sur la ligne anonyme et gratuite "Écoute-famille" (01 42 63 03 03).
“J’ai grandi dans le silence concernant les troubles psychiques de mes parents. On ne nous a jamais rien expliqué, ni à ma sœur ni à moi. Nous savions que leurs attitudes sortaient de l’ordinaire, mais c’était un tabou, y compris lors d’hospitalisations.
Alors qu’ils parvenaient à travailler, ils demeurent très seuls aujourd’hui. Papa est considéré comme l’original du village. Il a rejeté le corps médical et le diagnostic après plusieurs hospitalisations sous contrainte. Je trouve ça très dur, c’est la double peine.
Cette mise à l’écart a touché mon estime de moi et ma confiance, confirmant l’idée que la société ne nous accepte pas comme nous sommes. Mais j’aimerais dire que ces personnes ont le droit de vivre avec leur particularité et qu’elle est une grande richesse.
Élodie, 42 ans, fille d’une personne concernée (Vendée)
Réformer l'accès aux soins
Aujourd'hui, les enjeux d’accès aux soins concernent à la fois les personnes concernées et les familles elles-mêmes, qui sont à risque de développer des problèmes de santé et de santé mentale. Ainsi, comme le montre l’édition 2023 du Baromètre Unafam des aidants, 64 % des répondants indiquent que l’accès à un psychiatre ou à un psychologue est difficile pour leur proche, tandis que plus de 40 % des personnes concernées considèrent que leur prise en charge médicale n’évolue pas.
Face à ce constat, l’Unafam porte un plaidoyer fort en faveur d’une refondation de la psychiatrie en France.
Parmi nos nombreuses propositions pour des soins de meilleure qualité :
- Le développement du repérage précoce ;
- Une évolution vers un système moins hospitalo-centré, avec des équipes mobiles pluridisciplinaires, des filières d’adressage fluides et la pair-aidance comme levier de confiance ;
- L’amélioration de la formation en psychiatrie pour tous les professionnels de santé et professionnels de terrain (écoles, travail social, police, justice) pour repérer et orienter plus tôt ;
- L’abolition de la contention : un manifeste, publié en juin 2025 et remis en main propre au ministre de la Santé, demande l'arrêt des pratiques de contention mécanique en France, en conformité avec les standards internationaux et avec les droits fondamentaux.
Respecter les droits des personnes concernées
85 % des répondants au baromètre 2023 de l’Unafam considèrent qu’au moins un droit fondamental de leur proche est particulièrement difficile d’accès. C’est pourquoi, en plus de l’accès aux soins, le plaidoyer de l’Unafam auprès des décideurs politiques vise à faire progresser les droits des personnes concernées et de leurs proches, afin de garantir à chacun son autonomie et le plein exercice de sa citoyenneté.
L’Unafam réclame donc :
- Le respect des droits sociaux pour les personnes en situation de handicap psychique ;
- Le respect du droit à l’emploi ce qui demande une compétence handicap psychique pour l’ensemble des opérateurs (service public de l’emploi, MDPH…) qui interviennent auprès des personnes ;
- Le respect du droit à l’éducation et à la formation prenant en compte les premiers épisodes psychotiques ;
- Le respect du droit au logement et à l’accompagnement dans une vie autonome ;
- Le respect du droit à une vie digne pour les personnes vivant avec des troubles psychiques.