Lettre de la Présidente : "Alerte à la maltraitance"
2 avril 2024
Lettre de la Présidente
Par la loi n°2022-140 du 7 février 2022, avec la création de l'article L119-1 du Code de l'Action Sociale et des Familles, il y a aujourd’hui une définition légale de la maltraitance. "La maltraitance vise toute personne en situation de vulnérabilité lorsqu'un geste, une parole, une action ou un défaut d'action compromet ou porte atteinte à son développement, à ses droits, à ses besoins fondamentaux ou à sa santé et que cette atteinte intervient dans une relation de confiance, de dépendance, de soin ou d'accompagnement... Leur origine peut être individuelle, collective ou institutionnelle."
Mme Fadila Khattabi, Ministre chargée des Personnes âgées et des Personnes handicapées, a lancé la stratégie de lutte contre les maltraitances. Nous devrions nous réjouir tant nous multiplions les alertes depuis des années. Rappelons notre réclamation collective et la dénonciation de l’Etat français pour non-respect des droits des personnes en situation de handicap par le Comité des droits sociaux du Conseil de l’Europe. Mais la stratégie nationale de lutte contre les maltraitances ne peut se restreindre aux établissements et à leur contrôle.
En psychiatrie, nous faisons face à une maltraitance par défaut d’action : pas d’accès aux soins, recours important à la contention et à l’isolement, absence de solutions d’accompagnements, non-compensation du handicap, abandon des personnes vieillissantes vivant avec des troubles psychiques... De plus, par manque de soutien à l’autonomie pour leur proche, les familles sont confrontées à de nombreux risques en matière de santé, de conciliation vie familiale - vie professionnelle, de violence, de pauvreté et d’exclusion sociale.
Des données chiffrées, "sourcées" et incontestables, existent dans les départements et certaines ARS. Nos baromètres nourrissent également cet état des lieux.
Alors, une fois encore, nous crions "Alerte !".
Le devoir de la France est de protéger ses citoyens rendus vulnérables par la maladie. Nous espérons qu’à quelques mois des élections européennes, la santé et le handicap deviendront enfin des sujets majeurs traités par les différents candidats. Nous attendons des engagements concrets de la part de ces futurs parlementaires européens et pourquoi pas un soutien à notre action Grande Cause nationale Santé mentale 2025 afin de contribuer à déconstruire les préjugés sur la maladie mentale et le handicap psychique et à créer un environnement propice à l'épanouissement de chacun.
■ Marie-Jeanne Richard, Présidente