16 août 2025 témoignage de Juan - Vivre mieux avec des troubles psychiques, c'est possible !
A lire sur France Info Réunion, l'article de Johanne Chung, Patrick Smith et Johanne Adamadorassy, publié le 16 août 2025 :
"A la veille de la Mad Pride, événement qui souhaite donner de la visibilité à la santé mentale à La Réunion, Juan témoigne de son vécu. Le jeune homme a trouvé un traitement adapté aux troubles psychiques dont il souffrait. Une période qu'il a surmontée à l'aide de sa mère."
"Difficile encore pour lui d'en parler aujourd'hui, mais Juan va beaucoup mieux. Les troubles psychiques - sentiment de persécution, schizophrénie, hallucinations, bipolarité - qui se sont déclarés chez lui à l'âge de 16 ans sont désormais domptés. Le jeune homme de 24 ans vit avec un traitement lourd, mais qui lui permettent d'avoir un quotidien normal.
Mais le chemin a été long avant d'en arriver là. Pendant des années, Juan a subi la maladie psychiatrique, et a dû être hospitalisé 8 mois avant de recevoir un traitement adapté.
Aujourd'hui, avec le recul, il constate à quel point les maladies mentales étaient méconnues dans la société en général. "On ne connaît pas assez le sujet. On a des conseils de tout le monde, et en même temps ils ne savent pas de quoi ils parlent", souffle-t-il. Malgré tout, après avoir appris à faire confiance aux médecins et à son entourage qui souhaitait l'aider, il s'en est sorti.
Le chemin a été long, et pas de tout repos pour le jeune homme. “Au début on vit normalement, et à un moment donné, ça craque parce qu’on n’a pas pris les médicaments qu’il fallait, ou qu’on ne les prenait tout simplement pas. Quand ça craque, c’est dur à vivre", évoque-t-il. Des souvenirs douloureux pour Juan, qui préfèrerait oublier cette période. "Pour moi, c’est du passé, je sais ce qu’il faut faire maintenant”.
Maîtriser ses troubles psychiques est un combat que Juan n'a pas mené seul. Sa maman, Claire, l'a accompagnée dans son parcours de soins. "Elle m'a beaucoup beaucoup aidée. Sans elle, le combat aurait été encore plus compliqué, beaucoup plus compliqué", reconnaît-il.
Si elle vit plus sereinement aujourd'hui, la période n'a pas été aisée pour la maman. Elle est notamment passée par une période d'hyper-vigilance. A présent, Claire est soulagée de voir que son fils peut mener une existence quasi-normale. "Quand on le voit dans la rue, on ne sait pas qu'il est malade", sourit-elle, tout en soulignant que la maladie mentale a encore des conséquences sur la vie de Juan. “Il y a beaucoup de deuils à faire", fait-elle remarquer. "Il faut se dire que quand il ira à une soirée il ne pourra plus boire un verre d’alcool, que ce traitement est peut-être à vie, qu'il ne pourra jamais travailler normalement et faire des journées de 8h... Déjà se lever le matin, c'est compliqué, il ne se lève pas avant 11h ou midi à cause des traitements. Et dès qu’il se lève, il reprend une dose de traitement. Mais c'est grâce à ça qu'il arrive à vivre presque normalement, à faire du sport..."
"C'est ça les troubles psychiques. Souvent ce sont des troubles chroniques qui vont perdurer dans la vie. Il faut mettre des stratégies en place pour éviter les décompensations et pour faire en sorte de vivre le mieux possible avec la maladie", commente pour sa part Hestel Tanières Jaffré, la présidente de l'association Balise Psy 974.
Vivre avec la maladie est indispensable lorsque celle-ci ne disparaît jamais vraiment. Et c'est le cas pour nombre de ces troubles psychiques. "En général, on n'en guérit pas, mais on dit qu'on "va vers le rétablissement", pouvoir vivre au mieux avec sa maladie", explique Hestel Tanières Jaffré. Pour ce faire, un "bon accompagnement médical, social, et parfois professionnel" est primordial, selon la présidente de Balise Psy 974. Les traitements eux, peuvent varier au fil du temps, et notamment d'événements difficiles.
A la veille de la 2ème édition de la "Mad Pride", tous espèrent que le regard de la société sur la maladie mentale continuera à évoluer. C'est en tout cas l'objectif de cet événement, qui l'an dernier a rassemblé plus de 500 personnes à Saint-Paul pour une première édition.
"On nous a salués pour avoir organisé cet événement. On était fiers de ce qu'on était, on marchait la tête haute, sans honte de notre pathologie. Car la maladie ne nous définit pas, on a le droit aussi d'être présents, d'être visibles." Hestel Tanières Jaffré, présidente de l'association Balise Psy 974.
Cette année, c'est le chef-lieu qui reçoit la Mad Pride, avec une marche à partir de 14h au départ du Jardin de la Liberté (ex-square Labourdonnais) pour faire un tour du centre-ville avant de revenir sur le Barachois. Le rendez-vous est donné à 13h30 pour un échauffement collectif.
Dès le matin 10h, un village sera mis en place au Jardin de la Liberté avec des stands de fabrication de pancartes, de maquillage, sophrologie... Mais aussi des espaces calmes et zones de repos aménagées pour les personnes qui en ont besoin. Enfin, à 17h, des concerts et animations clôtureront cette Mad Pride, avec notamment Wizdom et Pix'L.
La santé mentale, grande cause nationale 2025
Cet événement, né à Toronto dans les années 90, s'est peu à peu diffusé dans le monde entier, afin de lutter contre la stigmatisation des maladies psychiatriques en brisant le silence. La réussite de la première édition saint-pauloise n'a fait que renforcer la dynamique à La Réunion, d'autant plus que la santé mentale a été labellisée "grande cause nationale 2025" en France. Hestel Tanières Jaffré elle, espère que la Mad Pride incitera encore davantage de Réunionnais à venir à la rencontre de l'association pour oser parler de ce sujet.
Selon les chiffres de l'Agence régionale de Santé, à La Réunion, 23% des plus de 18 ans sont touchés par un trouble psychique.