Lettre de la Présidente : "Prendre son élan pour se projeter sur 2024"

Cette année 2023 aura été marquée par la célébration des 60 ans de combat de l’Unafam. Les 24 et 25 novembre furent un beau moment de partage, de solidarité, et d’espoir. Un sentiment d’appartenir à une grande famille bien au-delà de nos difficultés, bien au-delà de nos solitudes. Des partages de vie qui nous bouleversent parce que si proches de la nôtre. Des conférences d’excellente tenue … nos intervenants nous ont permis de mieux comprendre la recherche, le rétablissement, le handicap, les droits, et au travers de tout cela notre histoire. 

Oui l’Unafam, est une association engagée, libre de sa parole, riche de ses bénévoles. Elle  porte des combats pour que les personnes qui vivent avec des troubles psychiques et ceux qui les accompagnent aient accès à leurs droits de citoyens. 

Plus que jamais des raisons d’espérer

A la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Mme Khattabi, au délégué ministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, le Pr. Bellivier, nous avons rappelé qu’il est temps que la psychiatrie fasse l’objet d’un véritable plan interministériel psychiatrie – santé mentale pour faire levier et construire une psychiatrie du XXIème siècle. Ce plan devra prendre en compte la santé, le handicap, la recherche, mais aussi l’éducation, l’emploi, le logement, car la qualité globale d’un parcours de soins repose sur le bon usage de ses différentes composantes, qu’il s’agisse de traitement médicamenteux, non médicamenteux ou d’actions sur l’environnement pour limiter la situation de handicap.

Ces journées nous ont donné de l’énergie pour nous engager avec conviction dans les actions de notre plan stratégique. Nous voulons vous faire partager cette force collective.

Vous pouvez accéder au replay sur ce lien

Nous avons également réalisé un court film souvenir de ces journées. Vous pouvez accéder au film souvenir des 60 ans sur ce lien.

A l'occasion de cette dernière Lettre de la Présidente 2023, l'Unafam tient à remercier celles et ceux qui la soutiennent par leur engagement, le temps qu'ils lui consacrent et le soutien qu'ils lui apportent. 

Nous entrons dans une période qui pour certains d’entre vous est difficile…le coeur peut ne pas être à la fête, trop cabossé par la réalité du quotidien. Je vous adresse mes pensées les plus chaleureuses. Vous n’êtes pas seuls. Je vous souhaite de trouver dans notre réseau associatif l’entraide et la force d’avancer. N’hésitez pas à vous rapprocher de votre délégation et pourquoi pas ? vous investir à nos côtés en tant que bénévole, ponctuellement ou à plus long terme, selon vos disponibilités, vos envies et vos compétences. 

Nos mobilisations  contre une psychiatrie sécuritaire qui ne respecterait pas les droits des personnes

Avec les acteurs de la psychiatrie publique nous avons dénoncé les propos tenus par le Ministre de l'intérieur évoquant un "ratage psychiatrique" au sujet de l'attaque terroriste du 2 décembre. Le terme utilisé de "ratage" est à la fois impropre et disqualifiant et ne correspond nullement à la situation dont il est question. Ce vocabulaire n’aidera en rien une personne qui a besoin de soins. Un citoyen vivant avec un trouble psychiatrique peut être stabilisé sur le plan de sa santé mentale et être radicalisé, tout comme peut être radicalisé un citoyen sans trouble psychiatrique.

Nous dénonçons également la charge qui a été mise sur la mère pour ne pas avoir signé  des soins sans consentement. C’est bien mal comprendre la difficulté que représente un tel acte pour le proche aidant ! 

Nos mobilisations  auprès de la HAS pour une défense de la pair-aidance et des bonnes pratiques en psychiatrie et santé mentale

La pertinence et l’efficacité de la pair-aidance dans l’amélioration des parcours des personnes présentant une double situation de précarité et de troubles psychiques font l’objet de preuves solides. 35 personnes ont travaillé une recommandation à la HAS, dont nous avons pu prendre connaissance et dont nous saluons l’excellence. Le débat contradictoire ayant eu lieu, il convient que le processus démocratique suive son cours, avec la publication de cette recommandation dans sa version validée par le Collège malgré le conservatisme des positions émanant de certains qui n’ont pas compris la réalité des évolutions et des transformations du terrain. Nous avons écrit une lettre  avec l’ADESM et l’association nationale des responsables qualité en psychiatrie, acteurs demandant la reconnaissance des pairs aidants et la production de recommandations de bonnes pratiques conformes aux connaissances scientifiques actualisées. Toutes les personnes souhaitant soutenir ce courrier ont la possibilité de le co-signer, en remplissant le formulaire accessible par le lien suivant.

Dans le même temps, un collectif de pair-aidants se mobilise pour défendre la valorisation de la pair-aidance. Vous trouverez ici leur lettre ouverte en réponse à celle des Dr Halimi, Dr Mercuel et Pr Senon adressée au Président de la HAS. Elle demande la reconnaissance de leur métier. Ces pair-aidants sont des personnes ayant acquis une compétence pour exercer leur mission auprès de leurs pairs. Cette pétition publique est ouverte à toutes et tous: pair-aidant, proche-aidant, usager, professionnel, citoyen. Ils nous invitent à la signer en soutien.

Ces lettres font écho à notre mobilisation de début novembre. 

Avec l’aide de psychiatres partenaires et avec le soutien de notre comité scientifique nous avons envoyé deux dossiers à la HAS pour demander que soit conduit un chantier sur la qualité et la pertinence des soins dans les pathologies psychiques sévères afin d’élaborer des recommandations de bonnes pratiques dans la prise en charge des troubles schizophréniques et des troubles bipolaires. 

En 2024, l’Unafam aura encore besoin de vous pour mener à bien ses actions et répondre aux attentes des personnes vivant avec des troubles psychiques et ceux de leurs familles partout en France. Merci de continuer la route avec nous.

■ Marie-Jeanne Richard, Présidente