Etre libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes
1 février 2022
Lettre de la Présidente
Libre d’agir, libre de sortir, libre de voter, de courir, de parler, de penser, de se soigner, de choisir son habitat. Cette liberté nous est chère. Être libre avec d’autres signe notre condition humaine.
La liberté peut se perdre. Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), dans son dernier rapport, parle du « choc de l’enfermement », qui crée des situations de vulnérabilité, une rupture brutale porteuse de risques.
Il a documenté ce moment charnière de l’arrivée dans les lieux de privation de liberté. Pour limiter les dangers dont est porteur le passage de la liberté à l’enfermement, il formule des recommandations : garantir un accueil, une prise en charge et une orientation respectant les droits fondamentaux des personnes concernées. Ce rapport rappelle qu’à l’hôpital psychiatrique, les premiers jours suivant l’accueil des patients en soins sans consentement représentent un enjeu crucial, à la fois d’un point de vue thérapeutique et juridique. Toute personne enfermée doit, dès son arrivée, faire l’objet d’une procédure d’accueil garantissant sa protection et son information. A l’heure du vote de l’article de loi régissant la contention et l’isolement, rappelons cette importance de l’accueil pour limiter le choc de l’enfermement qui génère peur, stress, et parfois agressivité, voire violences. Parmi les recommandations formulées par le CGLPL, nous retiendrons l’importance d'une formation spécifique pour le personnel en charge de l’accueil. Mais accueillir demande du temps. Cette recommandation risque aujourd’hui d’être mise à mal par le déficit de soignants dans les établissements de santé mentale.
Être aidé, soutenu, pour se sentir libre. Face à la charge mentale que représentent les troubles psychiques, les
aidants doivent être aidés. En 2018, nous avions dénoncé le fait que la Feuille de route santé mentale et psychiatrie avait oublié les aidants. La réunion du Comité Stratégique Santé Mentale et Psychiatrie (CSSMP) de janvier 2022 a réintroduit l’importance de protéger la santé mentale du proche aidant. Une stratégie nationale de mobilisation et de soutien « Agir pour les aidants » a été déployée. Elle vise à protéger les aidants des troubles psychiques liés à leur épuisement, à faciliter leur quotidien en rompant l’isolement, en améliorant l’accès à de nouveaux droits sociaux, en renforçant leur suivi médical, en facilitant leurs démarches administratives et la conciliation entre vie privée et vie professionnelle. Mais qu’en est-il dans les territoires pour celles et ceux que vous êtes ? Protéger la santé de l’aidant, c’est assurer un accès à des soins de qualité et, de manière effective, une compensation des besoins de la (ou des) personne(s) en situation de maladie et/ou de handicap qu’il accompagne.
Rendre les droits effectifs, c’est offrir à la personne concernée par la maladie ou le handicap la « liberté de
choisir ». Et c’est là la meilleure offre pour que l’aidant ait la « liberté de souffler ».La marche est haute pour faire vivre les mots liberté, égalité, fraternité. En cette période d’élection présidentielle, nous continuons de porter nos 10 mesures auprès des candidats pour que ces mots s’appliquent à tous.
Marie-Jeanne Richard, Présidente de l'Unafam