Sortir de l’anorexie ou de la boulimie grâce aux familles
Provenant du podcast Le grand format
Par Alice Kachaner ⸱ Publié le jeudi 5 juin 2025 à 06:04
Les troubles des conduites alimentaires concernent près d’un million de personnes en France et c’est la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Depuis quelques années, les pratiques thérapeutiques évoluent, permettant aux familles de devenir des acteurs clés du rétablissement des enfants.
Alors que la semaine de sensibilisation aux TCA, troubles des conduites alimentaires, se poursuit jusqu'au 8 juin, certaines familles se sentent démunies face à l'anorexie ou la boulimie de leurs enfants. C'est le cas de la maman d'Anaïs souffrant d'anorexie mentale depuis deux ans. "C'est un tsunami pour toute la famille. Vous êtes face à de l'incompréhension, vous culpabilisez alors que vous ne devriez pas, il y avait des peurs", confie la mère de famille. Anaïs a été hospitalisée à plusieurs reprises, des psychologues, des diététiciens ont également accompagné les proches de l'adolescente à l’hôpital Ambroise-Paré à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. "Les entretiens familiaux, c'est un lieu où on explique les choses de la vie quotidienne, de la préparation du dîner, de la durée du dîner", détaille la maman d'Anaïs.
En consultation, le pédiatre Renaud de Tournemire, rencontre les patients, les parents mais aussi la fratrie, "on parle de co-thérapie avec la famille, c'est une équipe à la fois côté hospitalier et côté familial. C'est extrêmement important qu'il y ait une cohésion", explique le médecin.
Considérer la famille comme des co-thérapeutes, ça n'a pas toujours été le cas, loin de là, poursuit le pédiatre, "il y a eu toute une période où on éloignait les familles en pensant que c'est parce qu'on mettait la famille à distance que les symptômes allaient s'améliorer, le changement de paradigme, c'est de se dire que c'est la famille qui va permettre à son adolescent d'aller mieux", appuie-t-il. La mère de famille et sa fille en avaient bien besoin. Elle a perdu beaucoup de poids, une maladie qui a aussi été source d'importantes tensions à la maison, surtout au moment des repas, raconte l'adolescente. "On s'est bien engueulés, ils [mes parents] avaient acheté des petites pâtes alphabet. J'ai fouillé dans toutes les pâtes alphabet pour pouvoir écrire 'je ne veux pas'", raconte-t-elle.
Cette thérapie lui permet d'aller mieux, reconnaît Anaïs, "par exemple, je ne me suis pas pesée depuis une semaine". La jeune fille compte toujours les calories mais poursuit le chemin de la guérison avec sa famille.