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Vers des parcours construits
19 février 2021
Lettre de la Présidente
Pas un jour sans qu’on parle de la santé mentale des français et de la psychiatrie. Cette préoccupation sera-t-elle l’étincelle qui permettra de mieux prendre en charge la souffrance psychique, de construire avec la personne des parcours de vie dans la dignité sans faire porter la charge sur l’entourage ?
C’est dans ce contexte que vient de sortir un rapport de la Cour des comptes, qui propose de tenir compte de la diversité des troubles et de leur niveau de sévérité. La Cour des comptes recommande de « réorienter » les missions des secteurs psychiatriques et de les recentrer sur les soins complexes, de filtrer l'accès aux Centres Médico-Psychologiques. Elle relève « l’absence de suivi proactif à domicile des patients les plus sévèrement atteints ». Ce rapport veut privilégier une approche graduée des soins en renforçant l’accès aux médecins généralistes et en facilitant l’accès aux psychologues par le remboursement des psychothérapies. Il porte un regard très sévère sur l’hospitalisation. Parmi les recommandations, nous y retrouvons ce que nous appelons de nos vœux : des centres de crise qui "devraient permettre d’éviter" les soins sous contrainte et les hospitalisations longues. Ce rapport pointe les hospitalisations de longue durée, jugées inadéquates par les cliniciens, mais qui perdurent faute de solutions d’aval (établissements ou services médico-sociaux, logements supervisés, visites à domicile quand c’est nécessaire). Nous aurions pu l’écrire !
Ce rapport met en exergue le problème des « sorties sèches ». La part des patients en sortie d’hospitalisation qui ne reçoivent pas de soins spécialisés en psychiatrie nécessaires dans un délai de deux mois atteint 26,3 %. Il est de 5 % au Royaume-Uni, de 4 % en Italie, dans le secteur de Vérone, de 9 % en Allemagne, de 15 % en Belgique et de 21 % en Pologne. La France a donc des marges possibles d’amélioration.
C’est le énième rapport, certes, mais il nous renforce dans notre conviction qu’aujourd’hui le débat ne peut pas se focaliser sur l’article 84 et le décret qui va encadrer la contention et l’isolement. Aujourd’hui l’enjeu est d’apporter le meilleur soin et le meilleur accompagnement aux personnes vivant avec des troubles psychiques. On ne peut pas entendre qu’il est impossible de faire autrement que d’attacher nos enfants, nos conjoints, nos parents, nos frères, nos sœurs.
Avec vous, nous continuerons à porter nos plaidoyers pour obtenir les moyens de nos ambitions. Nous ne pouvons plus attendre.
Marie-Jeanne Richard, Présidente de l'Unafam