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Psychiatrie et sécurité : non aux amalgames !
29 avril 2021
Lettre de la Présidente
Les récents événements et déclarations sur le sujet de l’irresponsabilité pénale nous touchent ainsi que nos proches. Nous nous associons bien sûr à l’immense douleur des familles concernées par la disparition d’un des leurs. Mais nous ne pouvons pas accepter l’amalgame entre dangerosité et troubles psychiques qui vient renforcer la stigmatisation dont sont victimes les personnes vivants avec ces troubles. Des événements similaires ont déjà eu lieu par le passé ; leur utilisation médiatique nous appelle à la plus grande prudence.
Pour le moment, face à l’émotion suscitée par l’irresponsabilité pénale retenue dans l’affaire Sarah Halimi, les médias ne sont pas le bon endroit pour faire entendre notre voix. Nous devons aller à la rencontre des pouvoirs publics pour éviter que l’émotion suscitée par cette actualité ne les amène à prendre des décisions inacceptables.
C’est pourquoi nous travaillons activement avec les équipes de la Présidence de la République afin que le projet de loi à venir ne constitue pas un retour en arrière historique et inacceptable. Nous avons rencontré la semaine dernière la Conseillère santé handicap du Président de la République et approchons en ce moment le ministère de la Justice.
Vous pouvez compter sur notre mobilisation afin que la psychiatrie ne dérive pas vers une psychiatrie sécuritaire. Elle est une discipline médicale. Son rôle est d’apporter des soins pour répondre à la souffrance de la personne. Nous rappelons que la prison est la pire solution pour une personne qui vit avec des troubles psychiques car elle n’y recevra pas les soins dont elle a besoin. Nous rappelons aussi que l’irresponsabilité pénale n’est pas synonyme de liberté : la personne, en obligation de soins, est prise en charge dans une unité fermée pendant de très nombreuses années.
Les récents propos du ministre de l’Intérieur selon lesquels les personnes hospitalisées en psychiatrie sont "en partie responsables de très nombreux attentats" sont non seulement infondés mais aussi dangereux. Nous rappelons que le terrorisme n'est pas un trouble psychique. Nous reconnaissons la difficulté de la situation actuelle. Le gouvernement doit protéger ses citoyens en luttant contre le terrorisme. Mais les personnes vivant avec des troubles psychiques n’ont pas besoin de ces amalgames.
Les assises de la psychiatrie approchent. Nous y rappellerons que les personnes suivies ont besoin de soins et d'accompagnements. Pour les familles, la sécurité, c’est de savoir que l‘Etat est le garant des droits de toutes les personnes, quels que soient leur maladie ou leur handicap, sans discrimination.
Marie-Jeanne Richard, Présidente de l’Unafam